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T’es tu déjà demandé ce qui a fait naitre tes plus belles amitiés ?
Avec un ami, nous nous sommes récemment interrogés sur la manière dont notre collaboration professionnelle, teintée d’admiration, mais aussi de prudence et de méfiance, était devenu une amitié vraie.
Pour lui, un cap a été franchi lors d’une de nos conversations où il s’était montré avec ses peurs. Je l’avais écouté, sans chercher ni à lui donner de conseils, ni à analyser ce qu’il disait. Il s’était alors laissé regarder dans sa souffrance.
C’est dans ses longs silences qu’est née notre amitié.
Il a fallu du temps pour construire cette confiance, apaiser nos mécanismes de défenses, et laisser voir ce que nous cachons précieusement.
Beaucoup de personnes sensibles apprennent à se protéger, en développant une grande résistance à la douleur.
Chez moi, par exemple, on ne s’attarde pas sur la souffrance. J’ai tendance à ne pas écouter mon corps, à minimiser les « j’ai mal », les « ça va pas », et à fuir la souffrance au profit des « ça ira » et « ouais, ça va passer ». Pas de plaintes, ni de lamentations. Un peu de dignité quand même. Et puis, y a pire ailleurs, nan ?
Ce qui rendait aussi difficile pour moi d’entendre les plaintes des autres sans m’agacer.
Aujourd’hui pourtant, je considère comme une preuve d’amitié quand un ami me dit: « je ne vais pas bien » et qu’il se montre perdu ou démuni en ma présence.
Ce qui m’a le plus aidé à faire varier le baromètre de ma sensibilité, et à pouvoir accueillir les plaintes des autres, a été de réintroduire le droit de me plaindre.
Lorsque j’ai commencé à le faire, je m’interrompais par peur de faire perdre du temps à mon thérapeute. Il m’a répété qu’il était là pour ça, et que c’était son métier d’écouter les plaintes des autres.
– Mais ça ne vous soule pas ?
– Ce qui me soule, c’est qu’il y ait des gens qui n’aient pas d’espace pour se plaindre, et exprimer ce qu’ils vivent par peur d’être jugés.
J’assume depuis de plus en plus les moments où je vais mal, et j’ose parfois écrire des articles depuis un endroit qui s’en fout, qui ne cherche plus à faire comme si ça allait bien, ni même à aller mieux.
Les cercles d’écriture m’ont beaucoup aidé pour cela.
Partager a voix haute tes plaintes devant un groupe qui ne commentera pas ce que tu lis, c’est libérateur.
Alors, oui peut-être que c’est désagréable d’entendre quelqu’un se plaindre
Oui, mais cela ne rend pas pour autant moi légitime ton droit à la plainte.
Si toi aussi, tu fais partie de la cohorte des solitaires qui minimisent leur douleur, en enveloppant ton cœur dans un bac de glace, pour éviter d’être une charge pour les autres, pour ne pas prendre trop de place, ni déranger, et risquer de devenir un boulet qu’on abandonne
Sois le bienvenu.
Et si il n’y a personne pour entendre tes lamentations, si tes amis ne savent pas écouter tes plaintes sans avoir besoin de te dire « T’inquiètes pas, ça va aller » et qu’ils ne peuvent s’empêcher de te donner des conseils pour aller mieux, ou de trouver un truc positif à dire alors que tu ne leur a rien demandé, dis leur :
– Je viens me plaindre. Juste me plaindre. Déposer auprès de toi mes doléances.
Sans soins, ni conseils, ni solutions,
Et si cela ne leur convient pas, et ils en ont le droit, viens donc faire un tour aux cercles d’écriture.
Si cet article t’a plu, pense à t’abonner à mon blog.
Je suis tellement émue par ton texte que j’en pleure. Et en même temps c’est tout doux. Des larmes de douceur on va dire. Merci Namir
Laisser s’exprimer une émotion qui passe comme la colère ou même la tristesse, j’ai rarement fait ça avant tes cercles d’écriture. C’est assez fou de le regarder. j’ai pourtant failli annuler une fois par peur de moi même quelque part, et de ce que j’allais pouvoir écrire de violent.
Et puis le cadre du cercle qui a fait sa force. C’est cool qu’elles aient trouvé une place là bas de temps en temps ! Ça me donne envie de revenir bientôt 😉 merci pr ces partages Namir !
Hello Elodie,
et merci pour ton témoignage.